Archive for May, 2014

May 31, 2014

Disponibilité de l’eau au Sénégal: Le premier Ministre invite à une utilisation judicieuse de la ressource

Idrissa SANE (Dakar)

Le premier Ministre, Aminata Touré considère que la disponibilité de l’eau dans l’avenir dépendra des comportements de l’homme. Le chef du gouvernement a fait cette déclaration, le vendredi dernier, lors de la cérémonie de clôture de la Semaine africaine de l’eau tenue à Dakar du 26 au 30 mai.

Aminata Touré, Premier ministre du Sénégal

Aminata Touré, Premier ministre du Sénégal

 

 

 

 

 

« L’eau ne peut pas être considérée comme un don inépuisable de la nature. ». Ces propos du premier Ministre du Sénégal, Aminata Touré est une invite à une culture d’un usage judicieux de ce bien de la nature source de vie, en passe de devenir source de conflits. En réalité des milliers de personnes vivant dans des régions du globe plongées dans un stress hydrique se démènent tous les jours pour trouver ce bien de la nature.
L’homme est au centre de sa rareté. « Nous portons tous une part de responsabilité de l’avenir de l’eau sur notre planète », a laissé entendre Aminata Touré. Elle a plaidé pour une utilisation judicieuse de cette ressource pour les différents usages y compris pour la consommation humaine. Pour le chef du gouvernement, le temps est venu de revoir les modes de consommation. « Il y a donc un besoin urgent de changement dans les modes de production et de consommation pour réduire les gaspillages et améliorer l’efficience dans l’utilisation des ressources en eau », plaide Aminata Touré.
Elle suggère la gestion concertée entre les Etats pour à la fois assurer sa disponibilité à long terme et aussi pour la prévention des conflits. « A l’évidence, « l’or bleu » est devenu un bien de production et de consommation dont les multiples usages renvoient à un impératif de concertation et de coopération entre Etats, de régulation et de règlementation en leur sein », défend Aminata Touré. C’est à juste raison, que les différentes politiques recommandent une gestion intégrée de ce bien. Sa rareté est aujourd’hui une réalité. Le lit du Lac Tchad ne cesse de se rétrécir laissant derrière un lot de désolation. L’assèchement progressif du plus grand lac au monde est l’une des manifestations emblématiques du changement climatique.
Les intervenants lors de la cérémonie de clôture, comme la ministre nigériane des ressources en eau, Sarah Rengocheck, ont plaidé pour une reconsidération de l’assainissement et de l’hygiène dans l’agenda post 2015. La prise en compte de ces questions contribuera à la prévention des maladies hydriques et celles liées à l’insalubrité.
La société civile sénégalaise milite pour la mobilisation des financements au niveau interne avant de compter sur l’appui extérieur. « Sans investissement adéquat dans l’assainissement, les efforts en santé seront vains. L’assainissement doit cesser d’être le parent pauvre de la politique de l’hydraulique. Nos Etats doivent être les premiers à investir dans l’assainissement et l’hygiène montrant ainsi la priorité accordée à ce secteur », lit-on dans le communiqué de la société sénégalaise.
Les experts sont revenus sur les recommandations qui ont sanctionné les conférences axées entre autres sur : « l’eau, l’assainissement et l’hygiène », « la gestion des ressources en eau pour le développement durable », « la gestion des eaux usées et qualité de l’eau », « la gestion de l’eau et des risques de catastrophes ».
Le premier Ministre a visité les stands pour voir les bonnes pratiques des différents pays africains en matière de politique d’accès à l’eau et à l’assainissement.

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May 28, 2014

NEGLIGENCE DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT : Les vérités de M. Girish Menon, Directeur International des Programmes et DGA de WaterAid

Par Jacques Ngor SARR- Dakar, Sénégal-  Le Panel de discussions sur l’agenda post-2015, organisé hier, a servi de tribune pour le Directeur International des Programmes et DGA de WaterAid pour dire aux différents délégués présents à cette rencontre ses quatre vérités. A travers une déclaration pointue, M. Menon se dit convaincu que l’eau, l’assainissement et l’hygiène vont de pair.

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Le  Directeur International des Programmes et DGA de WaterAid a déclaré d’emblée : «L’assainissement ne faisait pas partie des Objectifs du Millénaire pour le Développement jusqu’en 2002. C’est dire qu’avant cette date ce sous secteur était négligé, oublié en somme un ‘parent pauvre. Une douzaine d’années après, nous vivons les dures conséquences de cette négligence. En effet, l’Afrique au sud du Sahara compte 644 millions d’âmes qui vivent sans un accès à une latrine décente. Si une telle tendance se poursuit, il faudra à cette partie du continent plus de 130 années pour réaliser cet objectif d’assainissement. Il y a des coûts à payer dans une vie sans accès à une toilette décente. On estime qu’en Afrique, la moitié des lits d’hôpitaux sont occupés par des patients souffrant de maladies diarrhéiques.  

Ces coûts à payer ne s’expriment pas seulement en termes sanitaires mais aussi notre dignité en tant qu’être humain. Je me souviens encore des propos suivants de cette vieille femme lors de ma visite à Luapula, un village Zambien : «Notre vie était très difficile. En effet, pour nous les femmes, trouver un lieu pour se soulager était un véritable cauchemar. Il fallait se contenir toute la journée, pour attendre l’obscurité ou la tombée de la nuit et se rendre en brousse avec une peur permanente des risques qui nous guettent (animaux sauvages, serpents ou même les hommes qui en profitent. Dieu merci tout cela a changé. Tous les ménages disposent maintenant d’une latrine propre et les femmes en particulier retrouvent leur intimité. Nos enfants ne tombent plus malades ou meurent de suite de diarrhée, choléra ou autres maladies. C’est dire que nos vies ont changé…ont été transformées».

 «L’Afrique sud du Sahara compte 644 millions d’âmes qui vivent sans un accès à une latrine décente »

Ce changement dont parle cette zambienne montre comment l’assainissement avec l’eau peut transformer les vies. Il est de notre intérêt de s’assurer cette transformation. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque dollar investi dans l’assainissement rapporte entre 5 et 8 dollars. Les discussions d’aujourd’hui nous demandent d’opposer l’eau à l’assainissement et moi je rejette fermement cette manière de voir les choses, car nous savons tous que l’eau, l’assainissement et l’hygiène vont de pair. Fournir aux populations des latrines décentes qui éloignent les déchets des ressources en eau augmente l’impact d’accès à l’eau. Avoir un monde ou l’eau et l’assainissement sont disponibles n’empêche en rien le rôle que joue l’eau. En réalité, avec la croissance de la population et le phénomène de l’urbanisation, le lien entre l’eau et l’assainissement est plus que jamais d’actualité. Nous soutenons un objectif global portant sur l’eau et l’assainissement et qui prend en compte toutes les différentes utilisations de l’eau. WaterAid en particulier soutient des objectifs qui  alignent les extractions d’eau douce avec les réserves renouvelables et qui augmentent la quantité des plans d’eau pour répondre aux besoins humains et des écosystèmes et ainsi cadrer avec le cadre global sur la sécurité des ressources en eau.

Très récemment cette année, j’ai eu l’insigne honneur de représenter les ONG à travers une allocution aux Etats membres du système des Nations Unies, juste avant leurs discussions sur le rôle de l’eau, l’assainissement et l’énergie dans le processus post-2015. A côté de moi était le Président de l’AG des Nations Unies, Mr Ashe, qui dit ceci aux représentants: ’L’accès universel aux services d’eau de boisson et d’assainissement conduit à un monde plus sain, plus juste et sauvera la vie de plus 3000 enfants qui meurent au quotidien’.   

«Opposer l’eau à l’assainissement, moi, je rejette fermement cette manière de voir les choses»

Les propos du président Ashe reflètent ma conviction suivante sur les Objectifs de Développement Durable: ‘une approche axée sur les personnes et capable de sauver et renforcer des vies. A l’heure actuelle, il nous faut un engagement clair qui stipule que l’assainissement sera pris en compte dans ces objectifs. Nos discussions de Dakar ne se déroulent pas de manière isolée, car en ce moment même il y a deux événements majeurs qui sont en cours: Premièrement: cette nuit, (Ndlr : hier nuit) les co-présidents du Groupe International de réflexion des 70 Etats membres vont publier la version finale des principaux domaines. Ces domaines ne se dissocient pas de l’appel que j’ai lancé avant. Ils recommandent un domaine réservé à l’eau et l’assainissement avec des objectifs/cibles sur l’accès universel à l’eau, l’hygiène et l’assainissement mais aussi une série de mesures sur l’extraction des ressources d’eau douce et la gestion des déchets. Nous devons nous atteler à voir comment développer et garantir les meilleures cibles possibles et non reformuler un titre qui a reçu le soutien de plus de 60 pays dont les représentants du Burkina, Benin, Madagascar et le Mali pour ne citer que ceux-ci. Deuxièmement: ce SG adjoint se prépare à lancer la toute première campagne onusienne sur la fin de la défécation en plein air. L’on devrait se poser la question de savoir comment tirer profit de cette campagne et non la laisser en marge. Il nous reste un peu plus d’une année pour définir les ODD. En parlant d’une seule et même voix, nous pourrons définir un objectif sur l’eau et l’assainissement pour tous. Nous pouvons corriger nos erreurs passées pour construire un avenir durable pour tous. L’eau et l’assainissement sont les fondements du développement socio économique et environnemental et partant essentiel pour un développement durable».