Taux d’acccès à l’eau et à l’assainissement: Les raisons du décalage entre la réalité et les chiffres

             Les journalistes au cours des travaux

Idrissa SANE (Envoyé spécial à Accra)

Les outils utilisés par beaucoup de pays pour mesurer des performances en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement comportent des biais. La conséquence, les taux ne reflètent pas toujours les réalités sur le terrain. Pourtant les experts ne sont pas clairs sur la promotion d’harmonisation des instruments de mesure.

Un décalage entre les chiffres et la réalité. Dans beaucoup de pays africains, les taux d’accès aux services d’eau et d’assainissement ne reflètent pas souvent les faits. Ce constat a été confirmé par des experts qui ont présenté une communication lors de l’atelier de formation sur les droits humains relatifs à l’eau et à l’assainissement au profit du Réseau ouest africain des journalistes pour l’ Eau, l’Hygiène et l’Assainissement  (Wash-Jn). En plus des données officielles ne sont pas conformes à celles générées par des organismes indépendants ou des organisations de la société civile.  « Il y a des contestations au niveau national, mais tout cela nous permet de voir si nous tendons vers l’accès universel et si nous respectons des droits humains liés à l’eau et à l’assainissement », tente de comprendre, Ouangré Landry Wendsomdé, Manager Droits Humains Eau et Assainissement  qui a invoqué plusieurs facteurs pouvant expliquer ces chiffres qui ne reflètent pas toujours la réalité. Il s’agit des instruments de mesure. Il y a des méthodes qui comportent plus de biais c’est-à-dire qui ne concourent pas à minimiser les marges d’erreurs. A cela s’ajoute, l’insuffisance de ressources financières pour conduire de manière régulière des enquêtes sur l’étendue du territoire.  « Ce décalage peut s’apprécier en fonction des outils et des indicateurs des pays. Il ne peut avoir aussi des problèmes de moyens car pour évaluer les progrès accomplis en matière de réalisation des Odd, il faut beaucoup de ressources financières », analyse l’expert, au cours d’un atelier organisé en collaboration par WaterAid et Speak Up Africa, à Accra, au Ghana. C’était au cours d’un atelier de formation en plaidoyer sur les droits humains relatifs à l’eau et l’assainissement à l’intention des journalistes de l’Afrique de l’Ouest notamment ceux membre du Réseau Wash.

L’expert se garde de recommander une harmonisation des méthodes de mesure. Le plus important, c’est de disposer des outils appropriés permettant d’apprécier de manière plus fiable les  performances au regard des engagements pris par les Etats au niveau international. « Pour arriver à l’accès universel en 2030, il faudrait trouver des indicateurs adéquats qui nous permettent de mesurer  le chemin parcouru. Au niveau international, il y a des indicateurs des Odd qui peuvent être appropriés. Notre manière de mesurer doit pouvoir renseigner des indicateurs », propose Ourange Landry Wendsomdé, le manager droits humains relatifs à l’eau et à l’assainissement de WaterAid Burkina Faso.

Tout compte faits plusieurs enjeux se cachent derrière la diffusion des chiffres. Les gouvernements et les organisations de la société civile n’ont pas les mêmes motivations. Au fond, les autorités étatiques cherchent souvent à montrer à l’opinion nationale et internationale qu’elles accomplissent des progrès, qu’elles s’occupent de la prise en charge des besoins des populations  alors que la société civile veut inciter le pouvoir public à faire davantage d’efforts. « Ce qui est derrière ces meilleurs chiffres, c’est de montrer que l’Etat travaille, qu’il réalise les droits des citoyens. Les gouvernements veulent montrer que leurs performances correspondent aux engagements  pris », observe l’expert. Lui comme son prédécesseur, Al-Hassan Adam, de WaterAid  sont convaincus que des journalistes ont un rôle à jouer en assurant un rôle de veille, d’interpellation des autorités étatiques sur les engagements pris au niveau international.  « Le journaliste a besoin de données fiables, il doit parvenir à faire de la triangulation en montrant ce qui existe et en amenant les politiques à revoir leurs stratégies », pense Ouangre Landry Wendsomdé.

 

 

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