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June 1, 2015

Mise en œuvre de l’ATPC en Afrique :Quand l’expérience du Bénin fait sensation à AfricaSan 4 (764 villages certifiés FDAL en 8 mois)  

Alain TOSSOUNON (Envoyé spécial à Dakar)

A la conférence  AfricaSan4 de Dakar, tous les pays bénéficiaires du Fonds mondial pour l’assainissement  se sont retrouvés pour échanger dans le cadre d’un processus mutuel d’apprentissage dans la mise en œuvre de l’’approche de l’Assainissement Total  piloté par les Communautés (ATPC). Même si le Bénin est le dernier pays à s’engager dans cette approche, son expérience a produit des résultats satisfaisants salués par tous les participants. 

Les membres de la délégation béninoise à AfricaSan4

Les membres de la délégation béninoise à AfricaSan4cc

Les inventeurs de l’Approche ATPC ne l’ont jamais voulu figée mais dynamique. Chaque pays ayant la possibilité de l’adapter à son contexte et à ses réalités. C’est le principal message du panel de discussion portant sur le partage d’expériences entre le Bénin, Madagascar et le Togo à la 4e Conférence africaine sur l’Assainissement (AfricaSan 4).

En effet des trois pays, le Bénin est le nouveau-né de ce programme qui a commencé avec Madagascar il y a cinq ans. Mise en œuvre par l’Agence MCDI comme au Bénin, ce pays par qui l’ATPC a conquis le reste du monde et surtout l’Afrique, a commencé son expérience avec tâtonnements. « Il a fallu se remettre en cause, à chaque problème, on a cherché des solutions. On a appris beaucoup de nos erreurs », a confié Joséa Ratsirarson de MCDI Madagascar. Aujourd’hui, les résultats sont concluants et le pays ambitionne  d’en finir avec la défécation à l’air libre.  Selon lui, les secrets de la réalisation d’une telle vision sont relatifs à la capacité des acteurs de mise en œuvre, à inventer un  propre modèle. « Au lieu d’un modèle prédéfini, on a migré vers un modèle communautaire », soutient-il. Les leçons de l’expérience du Togo avec Unicef sont aussi édifiantes.  Au modèle type, le Togo a appris à faire le « déclenchement institutionnel » qui favorise la prise en compte des préfets, les chefs traditionnels et religieux…De même, la réussite de la mise en œuvre de l’approche passe par le suivi après les formations et la nécessité d’une culture de résultats. Surtout, nous apprend, Salami Fataou de Unicef Togo, « il faut éviter les formations en cascades » et mettre en place un système de suivi post-formation et à chaque étape faire l’évaluation.

Ainsi, dans ces deux pays ancêtres de l’ATPC, l’approche est devenue un outil efficace pour créer et étendre un mouvement pour lutter contre la défécation à l’air libre.

Un record de 764 villages certifies FDAL en 8 mois au Bénin

Un ménage déclenché dans un village du Bénin

Un ménage déclenché dans un village du Bénin

Faisant le même exercice de partage de l’expérience béninoise de mise en œuvre de l’ATPC, Achille Kangni du Ministère de la santé, a indiqué que tout a commencé dans un contexte marqué par l’insuffisance d’accès aux ouvrages d’assainissement pour plusieurs milliers de personnes. Avec une ancienne approche et des interventions des projets axés sur la subvention et latinisation, il eut fallu une révolution des mentalités pour s’engager dans une approche ATPC qui refuse toute subvention aux communautés. Mais,  le processus a pris corps lorsque, les autorités ont été déclenchées les premiers. Cela a conduit à l’intégration de l’approche dans la Stratégie nationale (SNPHAB), à la réorientation de la Proposition du Programme Pays GSF et son alignement avec la SNPHAB, la création d’un Comité National de Pilotage des programmes du sous-secteur de l’HAB et le verrouillage pour éviter la défécation a l’air libre institutionnelle.

Au total, une fois sur le terrain, la mise en œuvre de l’approche a permis d’obtenir en l’espace de 8 mois, 848 localités déclenchées pour 764 villages certifiés FDAL (Fin de la défécation à l’air libre) dans huit communes du Bénin. Au regard des résultats qui forcent l’admiration, Achille Kangni a indiqué que désormais, à l’horizon 2020, le Bénin sera tout entier certifié FDAL.  Pour y arriver, et en tenant compte des autres programmes et pour une couverture intégrale du pays, il faudra combler un gap de 27 millions d’Euro.

Impressionné par les résultats produits dans les trois pays, la représentante de l’Ouganda à  ce side event,  a indiqué appliquer une approche similaire fondée sur la mise sur table des évidences et le non gaspillage des ressources.

En conclusion, le fondateur de l’approche ATPC, Kamal Kar, a précisé que ce qui importe dans le processus, c’est la collaboration dans sa mise en œuvre. Pour lui, la diversité des organes de mise en œuvre offre un espace de construction et de combinaison des expériences. Ce qui a ses yeux enrichit l’approche.

November 10, 2014

Formation des membres du REJEA à Tahoua : Comprendre mieux l’approche Assainissement total pilote par les communautés

Amani MOUNKAILA (Niger)

Du 4 au 6 novembre 2014,  s’est tenue à Tahoua à 552 km de Niamey au Niger, la deuxième session de formation des membres du Réseau des journalistes pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement (REJEA) sur la promotion de l’approche de l’assainissement total piloté par les communauté ( ATPC).  Organisé par le REJEA en collaboration avec l’UNICEF, cet atelier comme  la première session qui s’est tenue à Zinder du 25 au 27 septembre 2014 a pour but  de promouvoir durablement l’hygiène et l’assainissement de base qui est une Stratégie opérationnelle de promotion de l’hygiène et l’assainissement de base (SOPHAB), une stratégie nationale du Niger.

06 Eugu00E8ne Ahogbu00E9mu00E8 Volaire ProdA l’ouverture des séances, le Président du conseil de ville de Tahoua a, dans son discours de bienvenue,  salué le choix porté sur sa ville. Il a par ailleurs souhaité qu’à la sortie des séances, les participants puissent s’approprier le contenu de l’approche ATPC pour renforcer leur connaissance afin de sensibiliser les populations à vivres dans un environnement saint.

A cette occasion, le président du REJEA, M. Ousmane Dambadji en réponse au président du Conseil de ville a remercié vivement la ville de Tahoua qui s’est illustrée dans l’approche ATPC. Cependant, il a relevé avec inquiétude, la situation du Niger en matière d’accès à l’assainissement à la veille des atteintes des OMD. Il a salué les efforts et l’engagement du gouvernement du Niger et les partenaires dans la sensibilisation et les actions pratiques d’assainissement qui sont en cours dans toutes les régions du Niger.

Il a été relevé que les partenaires et l’Etat travaillent pour que l’ATPC soit la solution acceptée par la communauté pour la communauté. A l’analyse de la situation, il a été constaté que ce ne sont pas les ouvrages qui font défaut mais le comportement des populations.

Ainsi, l’appliquer du principe de base qui consiste à susciter chez la communauté le respect de soi, la responsabilité et le déclenchement d’un changement de comportement sanitaire collectif de 100% de non défécation à l’air libre, la mise en place d’une échelle d’assainissement et de bien être avec une subvention zéro a été recommandée.

Pour le chef du bureau de zone UNICEF Agadez/Tahoua M.Mohamed Aly Ag Hamana, pour le compte de la région de Tahoua, malgré la volonté des populations à réussir l’approche ATPC, la situation est moins reluisant à causes de la difficulté à l’accès à l’eau dans certaines localités. Cette préoccupation disait-il a été relevée par le président de la république dans son discours en fin d’année 2013. Selon le chef du bureau de zone, « un enfant sur quatre meurt avant d’atteindre l’âge de cinq ans et les maladies diarrhéiques sont la troisième cause de mortalité Niger. Or, les études ont montré l’évidence du lien entre le manque d’hygiène et d’assainissement adéquat et la prolifération des maladies diarrhéiques ».C’est pourquoi, poursuit ce dernier, l’ATPC est une solution au préoccupation de la communauté.

Cette approche a été soutenue par le représentant du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement  qui a indiqué que la réussite de l’ATPC est une porte d’entrée pour le développement de la société.

En lançant les activités de l’atelier, le Secrétaire général de la région de Tahoua en a saisi l’occasion pour saluer le gouvernement pour sa stratégie opérationnelle de l’assainissement de base qui est le défi de la qualité et de la quantité qui consiste à garantir l’accès à l’assainissement à une grande partie de la population sur une base durable.

Durant ces trois jours, 80 journalistes membres du REJEA ont été formés sur l’approche ATPC. Des  visites sur des villages reconnus comme ayant mis fin à la défécation à l’air libre ont été initiées. Deux villages ont été visités afin de comprendre le processus de déclenchement. Cette expérience est enrichissante pour les journalistes dans le traitement du sujet. Ce qui a permis aussi de faire des propositions conséquentes dans le plan d’action

Cependant des inquiétudes demeurent à la veille de la date butoir pour les OMD. Le Niger traîne encore le pas, malgré les efforts consentis par les partenaires et la volonté des communautés à atteindre et à maintenir un état de Fin de la Défécation à l’Air Libre (FDAL), par la construction de latrines par elles-mêmes, sans subventions extérieures. Comme en peut le comprendre, l’ATPC est une approche intégrée, qui consiste à encourager la communauté à analyser sa propre situation en matière d’hygiène et d’assainissement.

Toutefois, l’hygiène et l’assainissement sont des indicateurs de santé et de développement. Ces indicateurs se caractérisent par un taux de mortalité infanto-juvénile élevé estimé à 127 ‰ (lié aux maladies hydriques). En termes d’indicateurs sur l’assainissement, la défécation à air libre est à 78 % (rural 91%, urbain 20 %). Selon JMP 2012, 9% des ménages seulement disposent de toilettes améliorées et non partagées. Cette proportion varie de 34 % en milieu urbain à 4% en milieu rural (EDSN MICS IV 2012). Le lavage des mains au savon est de 34,8 % (Enquête Nutrition, Juin 2009). En termes d’accès à l’eau potable 67% des ménages utilisent de l’eau provenant d’une source améliorée. Cette proportion est de 61% en milieu rural contre 97% en milieu urbain (selon EDSN MICS IV 2012). La tendance par rapport à l’atteinte des OMD du Niger est loin d’être bien, les cibles en 2015 (milieu rural 52 %, urbain 67 %).

Ainsi, on constate que  de nombreuses actions de constructions de latrines ont été effectuées. Mais leur utilisation reste encore réduite, donc  l’augmentation en termes de couverture ne se traduit pas forcément par une généralisation de leur utilisation. On remarque plus un problème de comportement que de disponibilité d’ouvrages.

Toutefois, la formation de Tahoua comme celle de Zinder répond au besoin national d’amélioration des conditions de vie des populations Nigériennes en vue de contribuer à la réalisation de la vision déclinée dans le PDES qui est le cadre de référence du Niger en matière de développement économique et social.