Ousmane Dambadji (Niamey/Niger)
Du 16 au 19 Aout 2016 se sont tenus à Ouagadougou au Burkina Faso, les travaux du Symposium International sur la dynamique Eau et Energie dans la région Ouest Africaine. Organisé par l`Université Internationale de Florida aux USA à travers le programme de l`USAID WA- WASH en collaboration avec l`Université Aube Nouvelle de Ouagadougou, ce symposium de haut niveau a été financé par le commandement des forces Armées Américaines pour l`Afrique (AFRICOM).
L`Objectif principal de cette rencontre est de faciliter les échanges d`expérience entre acteurs civils et militaires sur divers problèmes lies a la sécurité environnementale dans la région Ouest Africaine. Présidée par le Ministre de l`eau et de l`assainissement du Burkina Faso en présence du Directeur Régional du programme de l`USAID WA-WASH et du fondateur de l`Université Aube Nouvelle, cette réunion a vu aussi la participation de plusieurs experts Américains et Africains venus de plusieurs pays pour la circonstance. On peut noter également la présence d`une forte délégation composée des représentants de l`Université Internationale de Floride, de AFRICOM, des chercheurs, des professeurs des Universités et centres de recherches, des Journalistes et des Etudiants. Pendant 4jours, les participants ont suivi avec intérêt des présentations riches et variées sur entre autres thématiques, la sécurité environnementale, les enjeux relatifs à l`eau en Afrique, l’eau et l`énergie renouvelable en Afrique de l`Ouest, la restauration de l`environnement, le changement climatique, la télé- détection, la situation de l`eau potable en Afrique en lien avec la santé et le rôle de l`armée dans la protection de l`environnement.
Aujourd’hui, l`eau ne plus une thématique, mais un facteur de développement au regard de ses multiples usages. C`est ce qui a amené d`ailleurs la 70 eme Assemblée Générale des Nations Unies à faire de l`eau et l`assainissement un objectif à part entière dans l`agenda international de développement post 2015. Selon la synthèse régionale de l’état des lieux sur les ressources en eau en Afrique de l’Ouest de 2007, les eaux souterraines de la région de l’Afrique de l’Ouest sont estimées à 317 milliards m3 et les eaux de surface étaient estimées à 1257 milliards de m3. Il y a une interdépendance plus ou moins forte entre les Etats en matière de ressources en eau L.es principaux cours d’eau de la région prennent leur source dans des régions bien arrosées avant de traverser les zones sahéliennes ou les déficits pluviométriques sont chroniques depuis le début des années 1970. Ces cours d’eau permettent un transfert d’eau douce des régions humides vers les régions arides, créant ainsi une forte interdépendance des pays ouest africains en ce qui concerne l’utilisation et la gestion des ressources en eau douce à l’exception du Cap Vert, chacun des pays de la région partage au moins un cours d’eau international. En juin 2015 environ 73% de la population utilise une source d’eau potable améliorée contre 45,2% en 1990. Malgré une amélioration du taux d’accès a l’eau potable environ 100 millions de personnes dépendent toujours d’une source d’eau potable non améliorée (puits non protégés, eau de surface, etc.). Il faut préciser que 73 millions de personnes en milieu rural n’ont pas accès à l’eau potable contre environ 21 millions en milieu urbain, disparité entre les Etats et entre les localités a l’intérieur des Etats. En 1990, seuls Le Burkina Faso, le Niger, le Mali, la Guinée Bissau, la Sierra Leone, le Nigeria et la Gambie avaient un taux d’accès à l’eau inférieur à 50%. En juin 2015 on constate une amélioration globale du taux d’accès à l’eau potable dans les états (excepte le Niger qui avait 58%, tous les états étaient à plus de 60%). Le Cap vert, la Gambie et le Ghana étaient à plus de 90% de taux de couverture en eau. C`est pourquoi à Ouagadougou, le docteur Boukerrou, Directeur Régional de l`USAID WA-WASH a largement entretenu les participants au symposium sur les enjeux relatifs à l`eau en Afrique, sa répartition, sa consommation, sa situation actuelle en terme de couverture géographique et ses différents facteurs de pollution. Selon Boukerrou, malgré la disponible insuffisante de cette ressource, le problème de la qualité se pose avec acuité dans nos pays. Ces défis sont très souvent liés aux activités humaines comme le mines, l`urbanisation et l`industrialisation, la croissance des populations urbaines supérieure à la capacité d’adaptation des sociétés nationales de distribution d’eau potable , la gestion précaire des déchets solides causant la pollution des réserves d’eaux traitées pour la consommation humaines , le traitement inadéquat des eaux usées et excréta qui par la suite pollue les eaux souterraines et de surface , l`état vétuste des infrastructures d’assainissement causant des fuites qui par la suite pollue les puits et les forages, le mauvais état des infrastructures d’eau qui génèrent de la rouille polluante, les insuffisances des laboratoires d’analyse de la qualité de l`eau ainsi que les activités minières dégradant la qualité des eaux à cause du déversement d’arsenic, de cyanure, et d’autres substances toxiques. A toutes ces préoccupations, des solutions ont été proposées par Boukerrou. Selon lui, on peut améliorer la qualité des eaux en Afrique à travers entre autres solutions, la mobilisation des fonds pour la réhabilitation des infrastructures d’eau, l`amélioration du traitement des déchets liquides et solides ,le respect de l’application effective des textes dans le domaine de l’industrie minière ,le renforcement des capacité des organisations régionales et panafricaines, le développement des techniques et technologies innovantes et accessibles pour un approvisionnement en eau de qualité pour les populations , et la promotion de la culture de la gestion des connaissances au sein des institutions Africaines. Parlant de la situation énergétique, il ressort de son exposé que 2/3 de la population d`Afrique n`a pas accès a l`électricité. Une situation qui handicape le développement économique et social de nos pays. La transition vers les énergies renouvelables à faible cout est la seule alternative pour garantir l`accès à nos populations à des sources d`eau de qualité. Le docteur Bakerrou a demandé à tous les participants d`êtres des véritables ambassadeurs de développement afin de faire le plaidoyer en faveur du partage des connaissances dans le domaine de la qualité de l’eau et pour la multiplication des laboratoires d’analyse de la qualité de l’eau auprès des gouvernements Africains et des partenaires techniques et financiers. Précisons que, cette rencontre de Ouagadougou a été une véritable occasion pour les différents acteurs civils et militaires de bien comprendre les différents enjeux et défis lies a l’eau et l`énergie dans un contexte de changement climatique.