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June 30, 2016

Fourouyèkèrè et Okpara au Bénin: Ces cas écoles de bonnes pratiques de gestion des ressources en eau

Alain TOSSOUNON (Cotonou/Bénin) 

Face aux ressources en eau menacées de disparition, l’approche de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) longtemps promue, est apparue depuis peu comme la seule alternative pour passer à une gestion durable. Loin d’être désormais un slogan, la GIRE pour tous et pour tout devient de plus en plus une réalité au Bénin.

Le Fleuve Okpara (et le barrage de Kpassa) désormais à l'abri de la disparition, fruit de l'appropriation par tous les acteurs de l'approche GIRE

Le Fleuve Okpara désormais à l’abri de la disparition, fruit de l’appropriation  de l’approche GIRE

La rivière « Fourouyèkèrè », bras de la Yerpao, un fleuve qui traverse toute la ville de Natitingou située  au nord du Bénin, ne coulait plus comme par le passé. En 2008, plusieurs acteurs ont sonné l’alerte. Car, pour les uns comme pour les autres, cette rivière était tout simplement en voie de disparition. Pourtant, le fils du milieu et ancien Directeur des mines, de l’énergie et de l’eau de l’Atacora-Donga, Joachim Sama racontait : « il y a quelques années, on faisait la pêche mais depuis, deux semaines après une pluie, il n’y avait  plus une goutte d’eau dans la rivière ». Un constat amer qui traduisait bien, la gravité de la situation et les dangers auxquels s’exposaient les communautés de cette ville.

Toujours en 2008, à quelques kilomètres de cette ville, au nord du pays, le barrage de l’Okpara, principale source d’approvisionnement en eau potable pour les populations de la ville de Parakou, était aussi  dans un état de dégradation avancé.  En absence d’eaux souterraines, le seul recours reste les eaux de surface mobilisées à travers le barrage érigé sur le cours d’eau  d’Okpara long de 200 km. Si le barrage était dans un état préoccupant, le fleuve connaissait  de graves problèmes de pollution par les produits chimiques  utilisés par les producteurs de coton en amont du cours d’eau. Mais, la ressource était aussi devenue le déversoir des déchets solides et plastiques ménagers, des fientes et cadavres d’animaux.  Pour ces deux cours d’eau, la menace d’une disparition était bien réelle.

Pourtant, les communautés dont la vie est intimement liée aux ressources en eau, n’ignorent pas les avantages et profits qu’elles en tirent. « Ce n’est pas pour rien que nous vivons près du fleuve Okpara, nous connaissons bien ses bienfaits. Nous appelons en langue bariba (une langue locale du milieu), le fleuve, notre mère pour signifier toute son importance pour notre vie », nous confie un notable de la localité et premier ministre du roi de Parakou, Abouki Sarigui.

Des actions de sauvetage à l’avènement d’une bonne gestion

Afin de trouver des solutions efficaces et immédiates, le Partenariat National de l’Eau du Bénin a mis en route des initiatives pour voler au secours de ces ressources en eau en voie de disparition. Inscrites dans le cadre des actions pilotes, le fleuve Fourouyèkèrè », comme le barrage de Kpassa situé sur le fleuve Okpara ont été retenus comme plusieurs autres initiatives pour tester l’approche de Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Pour les acteurs du secteur, ces deux situations constituaient des cas d’école qui posaient  toute la problématique de la gestion durable des ressources en eau.

Ainsi, dans les deux cas, les actions de sauvetage ont démarré par la mobilisation de tous les acteurs et usagers. Un travail de plaidoyer a été mené pour  réveiller la conscience citoyenne de tous les usagers et acteurs face aux différents problèmes que connaissaient des deux ressources. Grâce à la mise en place d’un cadre de concertation, principal creuset de dialogue entre acteurs locaux et usagers, plusieurs actions ont été menées autour des ressources pour assurer leur protection. Des couloirs de passage des animaux de transhumance et de commerce pour réduire la pollution à la construction des abreuvoirs, plusieurs mesures allant jusqu’à la restauration du couvert végétal autour des ressources en eau ont été prises.  Pour garantir la durabilité de la protection de la ressource, la gestion sectorielle a été abandonnée au profit de la gestion concertée. « Les problèmes que connaissaient le fleuve et son barrage sont le fait d’un manque de dialogue entre utilisateurs de l’eau. Beaucoup d’acteurs intervenaient. Eleveurs, agriculteurs, la SONEB qui est la société d’eau qui prélève l’eau de barrage pour alimenter les populations…tout le monde agissait de son côté. Il n’existait pas de cadre pour la concertation », explique l’ancien maire de Tchaorou, Bio Sounon Bouko. Cette entreprise de mobilisation qui promeut le dialogue entre les différents acteurs a conduit au développement et au renforcement des Associations des communes pour faire face au défi commun de protection des ressources en partage. Dans bien des cas, maintenant que les acteurs se parlent et se retrouvent, la gestion de la ressource est mieux suivie. « Avec cette initiative autour du barrage de Kpassa sur le fleuve Okpara, nous avons compris que tous les acteurs et usagers doivent contribuer à la protection de la ressource », signale l’ancien maire de Parakou, Soulé Alagbé. Passée l’étape de la structuration des usagers et du bureau du Conseil des Acteurs pour la Gestion Concertée (CAGC) du barrage, la matérialisation de 4,6 km de berges délimitées et reboisées sur  une superficie totale de 22 ha, la validation du plan d’aménagement du couloir de transit du bétail contournant la cuvette  du barrage, la proposition d’une feuille de route d’exécution du plan d’aménagement ou le plaidoyer pour l’appropriation des fonctions liées à la protection et au suivi du barrage par la SONEB, le fleuve Okpara et son barrage sont sauvés de la disparition. Plus encore ce plaidoyer a conduit à la mobilisation des partenaires pour un grand projet d’alimentation en eau potable de la ville de Parakou et ses environs d’un coût global de plus de 15 milliards de francs CFA dont le financement est acquis. « Toutes les mesures prises par l’initiative pour sauver le barrage et  protéger le fleuve n’ont pas de prix », soutient l’ancien directeur de la ferme de l’okpara, Dr Fataou Zakarie Touré.

Aujourd’hui, la ressource bénéficie d’un suivi rapproché par les services techniques communaux, la SONEB et le Secrétariat Exécutif permanent (SEP) du Territoire de Développement de l’Ouémé Supérieur (TDOS) regroupant les trois communes ayant en partage la ressource et au niveau national, un Comité d’Orientation et de Suivi (COS) est mis en place de même  que le Conseil National de Coordination et de Suivi des initiatives (CNCS) GIRE,  regroupant le PNE-Bénin avec la Direction Générale des Ressources en Eau et les Partenaires Techniques et Financiers. Les usagers sensibilisés abandonnent progressivement les mauvaises pratiques de pollution et, entre éleveurs et agriculteurs, les conflits sont rares à cause des couloirs de passage des animaux disponibles et respectés par tous.

Longtemps perçue comme une approche abstraite, avec ces différentes initiatives pilotes qui ont permis de voler au secours des ressources en eau menacées de disparition, la GIRE au Bénin est entrée dans sa phase concrète. Désormais, pour les ressources en eau, le professeur Abel Afouda, indique qu’il faut poser les bases solides d’une gestion durable de ces ressources. C’est pourquoi, le Bénin s’est doté d’un Plan National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE)  sur la période 2011-2025  qui repose sur une série de cinquante-cinq (55) actions dont « l’exécution vise à créer l’environnement favorable à une gestion durable et à une mise en valeur optimale des ressources en eau, facteurs de développement socioéconomique du Bénin ». Mais, il reste encore beaucoup à faire dans la mise en œuvre de ces actions identifiées pour être en phase avec la politique régionale de l’eau au niveau de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui recommande la GIRE pour  prendre en compte l’ensemble des usages et impliquer tous les acteurs autour de la ressource. Le chemin est encore long et l’un des défis majeures pour le Bénin, reste l’effectivité de la gestion par bassin de ces ressources en eau.

Pour l’heure, la mise en œuvre de toutes ces initiatives laisse derrière elle, au-delà des actions entreprises pour sauver les ressources en eau, des cadres de dialogue indispensables et fondamentales pour la préservation et une bonne gestion des ressources en eau en phase avec les principes promus par la GIRE.

 

 

Alain TOSSOUNON

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September 17, 2015

Mansour Faye, ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement : « Nous avons réduit le déficit à Dakar »

L’approvisionnement en eau n’était pas continu dans les quartiers de Ouest Foire, une partie de la Médina, dans certaines unités des Parcelles Assainies depuis plusieurs années. Aujourd’hui,  beaucoup d’eau a coulé sous ses les ponts. Le service est disponible entre 15 et 18 heures contrairement, il y a plus d’un an.  Les  habitants de ces quartiers pouvaient rester des  jours sans avoir qu’une goutte qui ne dégouline de leur robinet. « Nous avons réduit le déficit en eau grâce aux infrastructures réalisées dans le cadre du Programme d’urgence. La grosse difficulté, c’est le stockage. Nous avons une capacité de stockage de 75.000 mètres cubes. C’est une autonomie de 3 heures pour une ville comme Dakar », souligne le ministre, Mansour Faye. Pour des questions de sécurité et de continuité de services, le Sénégal va réduire sa dépendance de la sa principale source d’approvisionnement, le Lac de Guiers qui est à mille lieues de Dakar. C’est dans cette optique que le Sénégal se lancera dans la diversification des sources avec une nouvelle option du dessalement de l’eau de mer. La construction d’une usine aux mamelles d’une capacité de 50.000 mètres cubes et une autre sur la Grand Côte, d’une capacité de 75.000 mètres cubes ouvre de belles perspectives. « Nous aurons avec ces usines, 120.000 mètres cubes. Je pense que nous allons régler les problèmes de déficit d’ici à 3 ans », estime le ministre, Mansour Faye

 

Propos recueillis par Idrissa SANE

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