Bachir SANE et Idrissa SANE (Envoyés spéciaux COP 21)
Les acteurs français de l’eau militent pour une meilleure prise en compte des questions de l’eau dans les prochaines Cop1 au regard des conséquences de la rareté de cette ressource sur l’augmentation de la prévalence des maladies hydriques, sur le stress hydrique, la migration des populations et l’érosion de la biodiversité aquatique.
Les acteurs de l’eau tirent la sonnette d’alarme à la Cop 21 à Paris. Les impacts du réchauffement de la planète sur les ressources en eau coulent de source. En effet l’augmentation de la température à la surface de la terre va accélérer l’évaporation et dans le long terme la réduction voire l’assèchement des cours d’eau. Le Lac Tchad est l’exemple le plus emblématique, le plus illustratif de la corrélation entre les changements climatiques et les menaces sur l’eau. C’est pour cela, les acteurs de l’eau présents au Bourget ont haussé le ton. « Nous devons continuer la sensibilisation pour que l’on accorde plus d’importance à l’eau dans les prochaines COP », a plaidé Philippe Gueltier, directeur du partenariat français pour l’eau. Selon les scientifiques chaque degré supplémentaire au-delà de 2 degré va se répercuter négativement sur le cycle de l’eau. Déjà l’humanité doit s’attendre à une augmentation des maladies hydriques dans certaines zones de la planète et des perturbations des grandes saisons. Selon la Fao 1, 8 milliard de personnes vivront dans des régions exposées à des pénuries absolues de l’eau. « La diminution de la disponibilité de l’eau dans de nombreuses régions en partie due au dérèglement climatique est telle que deux tiers de sa population pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique », renseigne un guide du partenariat français de l’eau. A cela s’ajoutent des événements extrêmes comme des inondations qui sont aussi les manifestations des changements climatiques. « Les seront très variables géographiquement et font l’objet de multiples incertitudes, mais globalement le Giec note une probable aggravation de la situation des régions déjà touchées par des excès ou des pénuries d’eau: sécheresses, inondations, submersions marines, fonte des glaces, modification des débits des rivières etc », a soutenu Jean Luc Rechaud président du Groupe de travail Eau et Climat.Selon le rapport du Giec publié en 2014, le nombre de personnes vulnérables aux inondations pourrait tripler. Les effets néfastes affectent aussi la biodiversité. L’érosion de celle-ci est envisagée par des scientifiques et des organisations internationales comme le Wwf qui avait révélé que les écosystèmes d’eau douce avaient connu une perte de 76 % de leurs espèces entre 1970 et 2010. « La biodiversité et les écosystèmes aquatiques sont particulièrement touchés par le dérèglement climatique. Les écosystèmes d’eau douce sont négativement impactés par la perte de qualité des eaux dans certaines régions », affirment des acteurs. L’une des conséquences, ce sont aussi des conflits. En réalité la rareté de la ressource est susceptible d’enclencher une compétition pour son accès ce qui pourrait entrainer des conflits entre les communautés et voire entre des pays. Déjà, les pénuries de cette ressource ont jeté des milliers de personnes sur les chemins de l’émigration. Ces refugiés climatiques ne sont pas souvent bien reçus dans leur site d’accueil. C’est pour ces raisons que les acteurs de l’eau estiment qu’il est nécessaire d’intégrer la dimension gestion des risques dans des incertitudes. Par conséquent les changements climatiques appellent à la culture d’une gestion rationnelle et à une consommation sobre de cette ressource afin de répondre de matière durable aux enjeux du développement durable.