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April 9, 2014

Entretien avec Mickaël Bassabi Djara, Maire de Djougou sur le suivi-évaluation des services d’eau et d’assainissement dans les communes :  « Le monitoring… c’est la voie à suivre pour améliorer  la fourniture des services aux populations »

Participant à l’atelier international sur « Le suivi-évaluation des services locaux d’eau et d’assainissement dans les zones rurales et les petites villes africaines » qui se tient actuellement à Ouagadougou, nous avons rencontré le maire de la commune de Djougou au Bénin. Dans cet entretien, il revient sur l’importance du monitoring, les difficultés qu’éprouvent sa collectivité à assurer cette responsabilité et donne son appréciation du séminaire qui pour lui, contribuera à dessiner un nouvel avenir au suivi-évaluation de la gestion des services d’eau et assainissement.    

Mickaël Bassabi Djara, Maire de Djougou (Bénin)

Mickaël Bassabi Djara, Maire de Djougou (Bénin)

En quoi le monitoring est important dans la fourniture des services d’eau et d’assainissement dans les collectivités locales ?

Le suivi-évaluation est une activité importante dans la gouvernance de l’eau au niveau des communes. Parce qu’elle nous permet d’avoir un état des lieux qui oriente la prise de décision au niveau des conseils communaux. Elle doit être continue et non discontinue.

Aujourd’hui, dans votre commune est-ce que le suivi-évaluation est perçue comme une activité importante. Comment est-elle assurée ?

La commune de Djougou s’est dotée d’un service consacré à la gestion de l’eau. Ce qui nous permet de suivre tout ce qui se fait dans ce domaine. Mais, il y a un certain nombre de problèmes. Car, vu l’étendue de la commune et le nombre d’ouvrages existants, il devient difficile de suivre et il y a matière à réfléchir. Pour nous, c’est d’arriver à renforcer le service par le recrutement d’autres agents pour faciliter le travail. Nous avons également un responsable suivi-évaluation qui a pour mission de suivre toutes les activités de la commune. Le suivi-évaluation, s’il est bien mené permet de prendre les décisions dans la transparence par rapport aux questions de l’eau. Surtout qu’au Bénin, nous sommes dans un partenariat public-privé avec la reforme sur la professionnalisation de la gestion des ouvrages d’eau avec désormais des opérateurs privés. Alors, si nous n’avons pas un suivi, on ne peut pas comprendre les difficultés d’un fermier et la façon dont il gère l’ouvrage. Le suivi-évaluation nous permet aussi d’améliorer les prestations de services aux usagers. Et pour cela, il faut aller vers eux pour garantir leur satisfaction.

Dans votre commune, comment gérez-vous les plaintes des usagers en cas de panne ou de non fonctionnement des services ?

Lorsque dans un village une AEP tombe en panne par exemple, il peut s’agir d’n manque d’entretien ou d’une négligence du fermier.  Dans ce cas, l’usager est dans son droit de se plaindre. Nous réagissons en pompier en recherchant des solutions.

Face aux dysfonctionnements et pour garantir le bon fonctionnement des ouvrages, que manque-t-il aux communes béninoises ? Est-ce les capacités, les outils….

Avant tout, il nous faut mobiliser des cadres compétents pour animer ce service. Ensuite, il faut un renforcement des capacités et enfin des ressources financières et matérielles pour qu’ils puissent jouer leur rôle. Notre vision est de parvenir à mobiliser sur place ces ressources pour garantir la pérennité du dispositif. Parce que, aujourd’hui, c’est grâce aux partenaires que le suivi se fait mais quand ils ne seront plus là, il y aura des problèmes. Donc, nous devons rechercher des solutions durables en matière de suivi-évaluation. Si nous continuons avec l’affermage au Bénin, nous devons renforcer le suivi-évaluation.

Vous participez à l’atelier sur le monitoring depuis lundi 7 avril. Que retenez-vous des échanges et du partage de connaissances ?

Nous avons beaucoup gagné des discussions car au cours de l’atelier, il y a plusieurs propositions, stratégies, mécanismes, outils…A nous de voir ce qui peut coller à nos réalités. Parce que chaque partenaire vient avec sa stratégie et sa technique, il nous faut réussir à choisir ou identifier lesquelles peuvent être appliquées de façon durable.

Au regard de ces échanges, quel est l’avenir du suivi-évaluation dans votre commune et concernant le secteur de l’eau et de l’assainissement ?

Nous devons le repenser dans nos communes. Et automatiquement, cela me fait penser à l’intercommunalité. Et au retour de cet atelier, j’en parlerai à mes collègues maires des communes voisines pour qu’on réfléchisse ensemble. C’est la voie à suivre pour améliorer  la fourniture des services aux populations.

Propos recueillis par Alain TOSSOUNON

April 7, 2014

Monitoring  des services locaux d’eau potable et d’assainissement dans les zones rurales et villes secondaires: Ouagadougou accueille un atelier

Alain TOSSOUNON (Envoyé spécial)

Venus des pays de l’Afrique de l’ouest et des autres régions du monde, près de 200 acteurs du secteur de l’eau, l’hygiène et l’assainissement se retrouvent depuis ce matin 7 AVRIL 2014 à l’hôtel Azalai de Ouagadougou (Burkina Faso) pour un atelier portant sur « Suivi-évaluation des services locaux d’eau potable et d’assainissement. Organisé par  le Centre international de l’eau et de l’assainissement (IRC)  et le Programme Solidarité Eau (pS-Eau) avec l’appui de la CEDEAO et le gouvernement du Burkina Faso, cette rencontre se veut un creuset d’échanges et de partage d’expériences.

 

Les communautés autour d'un forage Photos (A.T)

Les communautés autour d’un forage Photos (A.T)

 

En ouvrant officiellement les travaux de cet atelier qui durera trois jours, le Secrétaire Général du Ministère de l’eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement, Ali Traoré, a signifié que  dans la plupart des pays de l’Afrique sub-saharienne, « si les réalisations physiques permettent de donner l’accès à l’eau potable aux populations, cet accès s’avère de courte durée voire insatisfaisant en l’absence d’un suivi de la gestion ». Ainsi, malheureusement,  ajoute-t-il, « les interventions en matière d’eau et d’assainissement restent focalisées sur la réalisation ou la réhabilitation des ouvrages et infrastructures». Une situation qu’il qualifie de « déformation structurelle » des interventions qui s’observe au niveau des communes aujourd’hui, gestionnaires des services d’eau potable et d’assainissement en zone rurale ou semi-urbaine.

Pour Ali Traoé, il n’y a pas de doute. Le thème du séminaire a tout son sens et reste actuel au regard des enjeux soulevés et des résultats qui peinent encore à être visibles dans un secteur qui mobilise des énergies et des ressources dans la plupart des pays de l’Afrique de l’ouest. De ce point de vue, le monitoring reste une panacée selon lui, pour faciliter la mise en place d’un système de collecte, d’analyse, d’interprétations de données indispensables pour orienter les interventions et espérer des impacts plus significatifs en matière de services rendus aux populations.

Se félicitant des efforts du gouvernement du Burkina à travers l’élaboration d’un guide de suivi de la gestion des ouvrages et l’expérimentation en cours, il a salué tous les partenaires qui soutiennent l’initiative de l’organisation de cet atelier à savoir :  USAID, GIZ, BAD, Agence de l’Eau Seine Normandie, Agence de l’Eau Adour Garonne, Agence de l’Eau Artois Picardie, Agence de l’Eau Rhin Meuse, Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse.

Le présidium au cours de l'ouverture officielle de l'atelier  Photo (A.T)

Le présidium au cours de l’ouverture officielle de l’atelier Photo (A.T)

Au niveau régional, l’atelier est également soutenu avec la présence du Directeur du Centre de Coordination des Ressources en Eau (CCRE) de la CEDEAO, Innocent Ouédraogo. Dans son intervention, il a souligné la place de l’eau et de l’assainissement dans l’agenda de l’institution sous-régionale qui se matérialise par l’élaboration d’une politique régionale des ressources en eau et d’un Plan d’actions.

Avant le démarrage effectif des sessions thématiques, tous les participants ont suivi un film documentaire de 16mn sur l’état du suivi de la gestion des ouvrages et infrastructures dans les villages et communes. Une projection qui a permis de passer du discours aux réalités et aux participants d’appréhender l’importance du monitoring dans la gestion des services d’eau potable et d’assainissement. Les sessions thématiques au programme sont relatives aux expériences de monitoring en matière d’eau et d’assainissement, les technologies utilisées, la qualité de l’eau, les outils et le financement du suivi-évaluation…