Participant à l’atelier international sur « Le suivi-évaluation des services locaux d’eau et d’assainissement dans les zones rurales et les petites villes africaines » qui se tient actuellement à Ouagadougou, nous avons rencontré le maire de la commune de Djougou au Bénin. Dans cet entretien, il revient sur l’importance du monitoring, les difficultés qu’éprouvent sa collectivité à assurer cette responsabilité et donne son appréciation du séminaire qui pour lui, contribuera à dessiner un nouvel avenir au suivi-évaluation de la gestion des services d’eau et assainissement.
En quoi le monitoring est important dans la fourniture des services d’eau et d’assainissement dans les collectivités locales ?
Le suivi-évaluation est une activité importante dans la gouvernance de l’eau au niveau des communes. Parce qu’elle nous permet d’avoir un état des lieux qui oriente la prise de décision au niveau des conseils communaux. Elle doit être continue et non discontinue.
Aujourd’hui, dans votre commune est-ce que le suivi-évaluation est perçue comme une activité importante. Comment est-elle assurée ?
La commune de Djougou s’est dotée d’un service consacré à la gestion de l’eau. Ce qui nous permet de suivre tout ce qui se fait dans ce domaine. Mais, il y a un certain nombre de problèmes. Car, vu l’étendue de la commune et le nombre d’ouvrages existants, il devient difficile de suivre et il y a matière à réfléchir. Pour nous, c’est d’arriver à renforcer le service par le recrutement d’autres agents pour faciliter le travail. Nous avons également un responsable suivi-évaluation qui a pour mission de suivre toutes les activités de la commune. Le suivi-évaluation, s’il est bien mené permet de prendre les décisions dans la transparence par rapport aux questions de l’eau. Surtout qu’au Bénin, nous sommes dans un partenariat public-privé avec la reforme sur la professionnalisation de la gestion des ouvrages d’eau avec désormais des opérateurs privés. Alors, si nous n’avons pas un suivi, on ne peut pas comprendre les difficultés d’un fermier et la façon dont il gère l’ouvrage. Le suivi-évaluation nous permet aussi d’améliorer les prestations de services aux usagers. Et pour cela, il faut aller vers eux pour garantir leur satisfaction.
Dans votre commune, comment gérez-vous les plaintes des usagers en cas de panne ou de non fonctionnement des services ?
Lorsque dans un village une AEP tombe en panne par exemple, il peut s’agir d’n manque d’entretien ou d’une négligence du fermier. Dans ce cas, l’usager est dans son droit de se plaindre. Nous réagissons en pompier en recherchant des solutions.
Face aux dysfonctionnements et pour garantir le bon fonctionnement des ouvrages, que manque-t-il aux communes béninoises ? Est-ce les capacités, les outils….
Avant tout, il nous faut mobiliser des cadres compétents pour animer ce service. Ensuite, il faut un renforcement des capacités et enfin des ressources financières et matérielles pour qu’ils puissent jouer leur rôle. Notre vision est de parvenir à mobiliser sur place ces ressources pour garantir la pérennité du dispositif. Parce que, aujourd’hui, c’est grâce aux partenaires que le suivi se fait mais quand ils ne seront plus là, il y aura des problèmes. Donc, nous devons rechercher des solutions durables en matière de suivi-évaluation. Si nous continuons avec l’affermage au Bénin, nous devons renforcer le suivi-évaluation.
Vous participez à l’atelier sur le monitoring depuis lundi 7 avril. Que retenez-vous des échanges et du partage de connaissances ?
Nous avons beaucoup gagné des discussions car au cours de l’atelier, il y a plusieurs propositions, stratégies, mécanismes, outils…A nous de voir ce qui peut coller à nos réalités. Parce que chaque partenaire vient avec sa stratégie et sa technique, il nous faut réussir à choisir ou identifier lesquelles peuvent être appliquées de façon durable.
Au regard de ces échanges, quel est l’avenir du suivi-évaluation dans votre commune et concernant le secteur de l’eau et de l’assainissement ?
Nous devons le repenser dans nos communes. Et automatiquement, cela me fait penser à l’intercommunalité. Et au retour de cet atelier, j’en parlerai à mes collègues maires des communes voisines pour qu’on réfléchisse ensemble. C’est la voie à suivre pour améliorer la fourniture des services aux populations.
Propos recueillis par Alain TOSSOUNON