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March 27, 2017

Accès à l’eau potable : L’urgence de corriger les disparités

Idrissa SANE (Dakar/Sénégal)

Le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable a diminué à travers le monde. Mais des disparités en termes d’accès persistent. C’est ce qui est ressorti hier, lors de la présentation du rapport sur l’état de l’eau dans le monde en 2017.

L’accès à l’eau potable reste un défi pour les populations au revenu modeste vivant en zone rurale. La persistance des disparités en termes d’accès reste une triste réalité dans plusieurs pays. C’est ce qui apparaît dans le rapport intitulé « Aléas hydrologiques, l’état de l’eau dans le monde 2017 » présenté hier par l’Ong WaterAid. Selon le technicien de cette organisation, Cheikh Tidiane Diallo, certaines personnes sont privées de leur droit en raison de leur statut social, leur ethnie, leur appartenance politique, leur handicap ou encore leur lieu de résidence.

La nouvelle contrainte, c’est le changement climatique qui affecte la disponibilité  de la ressource  avec ces extrêmes comme les inondations et les longues sécheresses. Les premiers événements peuvent polluer la source alors que les seconds augmentent la pression sur la ressource ou accélérer l’évaporation.

L’autre défi à relever, c’est d’inscrire l’accès à l’eau dans l’agenda des priorités des gouvernements. Il est apparu  que l’absence d’une politique de maintenance des ouvrages menace la sécurisation des besoins. « Il est nécessaire de prévoir un budget pour la maintenance et l’entretien pour assurer la sécurisation des services », a recommandé Cheikh Tidiane Diallo.

En réponse à ces incertitudes, cette organisation présente dans plusieurs pays du monde a formulé des recommandations. Il s’agit entre autres de l’augmentation des financements publics et privés alloués à l’Eau, à l’assainissement et à l’hygiène ( Eha), la mise en place d’une approche intégrée en prenant en compte les questions liées à la santé, le suivi des respects des engagements.

Du reste, ces défis n’occultent pas les performances réalisées à travers le monde où le nombre de personne qui n’a pas accès à l’eau potable a chuté au cours de ces 12 dernières années. « Grâce aux efforts communs des populations, des organisations de la société civile, du secteur privé, des agences de développement, et des gouvernements partout à travers la planète, ce chiffre a diminué de presque d’un tiers. Nous avons maintenant atteint le point où 9 personnes sur 10 ont accès à l’eau potable », a souligné la directrice générale de WaterAid, Barbara Frost dans un document remis à la presse.  La directrice régionale de WaterAid, Marème Dème a invité les médias à faire des productions qui amèneront les décideurs à faire de l’accès à l’eau une priorité.

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April 5, 2016

Sundeep Wasleker, Pdt Stratégique Foresight Groupe: « La pression sur l’eau menace la stabilité entre les pays »  

Idrissa SANE (Dakar/Sénégal)

L’Etat du Sénégal va abriter du 5 au 6 avril, le panel mondial sur l’eau et la paix. Le président Strategic Foresight, Sunder Waslekar qui a décliné les enjeux de cette rencontre a affirmé que les compétitions pour  l’accès à l’eau menace la stabilité des pays.

Sundeep Wasleker, Pdt Stratégique Foresight Groupe

Sundeep Wasleker, Pdt Stratégique Foresight Groupe

Quel est le champ d’intervention du Groupe Stratégique de prévoyance ?

Le Groupe stratégique de prévoyance est un Think Tank. Il mène des réflexions sur les questions liées à la gestion de l’eau  notamment  la prévention des conflits. Nous travaillons dans plus de 50 pays. Nous avons trois essentiels axes d’intervention à savoir, la prévention des conflits liés à la gestion de l’eau, la diplomatie de l’eau et sur les grandes technologies pouvant atténuer les conflits. Notre stratégie a été présentée et appréciée au parlement européen, au parlement de la Grande Bretagne, au parlement de l’Inde ainsi qu’à la Banque mondiale. Le Groupe a été créé en 2002 mais c’est à partir de 2010 que nous avons commencé à travailler sur  la diplomatie de l’eau. Nous n’avons pas d’ingénieurs hydrogéologues et hydrauliciens dans le groupe, cela peut amener des personnes à se poser les questions pourquoi travailler sur les questions de l’eau ? Nous sommes partis du constat que la pression exercée sur l’eau, cumulée avec l’augmentation de la population et par conséquent de la demande aura des impacts réels sur la paix et la sécurité à travers le monde.

Sur quoi vous vous fondez pour faire de telles prédictions ? 

Nous avons exploité plus de 1000 études depuis 2008. Il est apparu de façon nette et claire, que la sécurité, le bien-être des populations, et l’accès à l’eau seront des grands défis au cours des prochaines années. Il a été noté qu’il y aura de plus en plus de compétitions, de conflits pour l’accès à cette ressource qui va se raréfier. En outre, au cours des 20 dernières années, tous les Secrétaires généraux des Nations Unies ont recommandé aux Etats d’anticiper sur les impacts que les compétitions pour l’accès à l’eau pourraient avoir  sur la stabilité et sur la paix. Mais force est  de reconnaître que rien n’a été fait jusqu’ici. Or l’accès à cette ressource peut être la source d’instabilité et d’insécurité.

Est-ce que les sources d’eau ne sont pas menacées dans des pays en conflit ?

L’Etat islamique a la mainmise sur beaucoup de sources d’eau en Irak et en Syrie. Il utilise ces eaux comme un moyen de pression, soit pour forcer les jeunes des zones qui n’ont accès à regagner leurs rangs  soit pour  contraindre  les populations privées à adhérer leur idéologie. L’eau est devenue par la force des choses une arme de guerre. Aujourd’hui, cela se passe en Irak et en Syrie. Qu’est-ce qui exclut que cela peut se passer en Afrique de l’Ouest. Qu’est-ce qui dit que les groupes terroristes au Mali ne peuvent pas être tentés d’attaquer le barrage de Manantali. Les sources d’eau et les infrastructures d’eau, les conduites ne sont pas à l’abri des attaques de nos jours.

 Pourquoi le choix du Sénégal pour  abriter le Panel mondial sur l’Eau et la Paix ?

Plusieurs raisons expliquent le choix du Sénégal pour abriter ce Panel soutenu par la Suisse et parraine par plusieurs pays. D’abord, c’est ici que nous avons l’exemple le plus abouti de la coopération des pays sur la gestion partagée de la ressource. L’OMVS est un exemple de coopération, de renforcement de la stabilité entre les pays. Le partage de cette ressource de l’eau du fleuve sénégalais est unique au monde. Ensuite, lors de la première assemblée Tenue en Suisse, le Sénégal a demandé à accueillir la deuxième rencontre. Enfin, le Gouvernement du Sénégal s’est engagé à porter des recommandations de ce panel à l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Sénégal sera membre du Conseil de sécurité au mois janvier. Nous saluons à cet effet l’engagement du président de la République, Macky Sall et de son gouvernement. Durant cette rencontre, nous allons passer en revue les exemples réussis de la coopération sur les eaux partagées et sur les bassins fluviaux transfrontaliers. Nous  examineront également  les cas d’échec de ces coopérations à travers le monde. Sur la base de cette analyse globale, nous proposerons des recommandations.  Nous pensons déjà qu’il faut des institutions et mettre en place des fonds pour des pays qui décident de collaborer pour la gestion des eaux partagées et encourager les autres pays. Nous pensons que les conflits liés à l’eau sont plus politiques que l’accès même à cette ressource. Si nous parvenons à régler des conflits politiques, nous aurons fait plus de la moitié du travail.

Propos recueillis par Idrissa SANE